Les Transports en commun aux Pays-Bas

Train Intercity, le train express du pays

Un Train Intercity (train express) dans la gare de Leiden

Je réalise que cela fait maintenant plus de deux mois que je n’ai plus parlé des Pays-Bas sur ce blog. Je compte bien finir ma série d’articles sur la Suisse et le Liechtenstein. Mais on va essayer d’alterner un peu.

Vous vous dites peut-être que le choix du sujet pour ce retour aux Pays-Bas est fort étrange. Mais cela fait partie de tout cet ensemble de choses qui font que la vie est si différente d’un pays à l’autre. Et le fonctionnement des transports néerlandais présente probablement plus de différences avec celui du réseau français que ce à quoi vous vous attendez.

La première chose à connaître, c’est l’utilisation de l’OV-chipkaart. Les lettres OV sont l’acronyme de Openbaar Vervoer, littéralement « transport public ». Le nom OV-chipkaart peut donc se traduire en « carte à puce des transports en commun ».

ov-chipkaartIl s’agit d’une carte un peu dans le même style que le pass Navigo des Parisiens. Soit une carte personnelle, comme celle ci-contre. (Mes données personnelles sont indiquées de l’autre côté.) Soit une carte anonyme, que n’importe qui peut utiliser.

La (très) grosse différence avec le pass Navigo, c’est que l’OV-chipkaart est valable, non pas sur le réseau d’une région particulière, mais sur celui de tout le pays : train, bus, tram, et même les lignes de métro des différentes villes. Tout fonctionne avec cette même carte. Il y a plusieurs compagnies de transports concurrentes qui gèrent ce réseau, mais elles se sont toutes mises d’accord pour que l’OV-chipkaart fonctionne partout : aussi bien dans le métro d’Amsterdam que dans les bus de Maastricht, à 200 km de là, ainsi que dans le train pour aller de l’une à l’autre.

La seule exception que je connaisse, c’est les bus de l’île de Texel, au nord de la Hollande. Mais c’est quand même vraiment un cas à part, l’île étant nettement isolée du reste du pays. Et même là, vous pouvez encore trouver des bornes pour remettre de l’argent sur votre OV-chipkaart, pour préparer votre retour sur le continent.

La plupart des Néerlandais en possèdent une car ça revient moins cher et c’est beaucoup plus pratique. Si vous n’en avez pas, il faut acheter une OV-chipkaart jetable pour chaque voyage, que vous payez à chaque fois 1€, en plus du prix du trajet lui-même. Sachant qu’une « vraie » carte coûte 7€50, si vous vivez ici, ce n’est même pas la peine de se demander si vous allez la rentabiliser.

Cette carte n’est pas associée à un abonnement. Vous chargez dessus une certaine somme (jusqu’à 150€). Et vous payez ensuite vos voyages avec. Pour cela, vous devez inchecken (valider votre carte) à votre station de départ… puis uitchecken (dévalider ? ) à votre station d’arrivée. Votre carte est alors débitée d’un montant dépendant de la distance parcourue. (Si vous avez fait des détours improbables, ce n’est pas pris en compte, si jamais vous voulez faire des trucs bizarres.)

Le défaut du système, c’est que, pour être sûres ne pas se faire avoir, les compagnies de transports refusent votre carte s’il y a moins d’une certaine somme (20€ pour prendre le train, 4€ pour le bus…), comme ça, ils savent que vous avez de quoi payer.

Train Sprinter, équivalent des TER français

Train Sprinter, équivalent des TER français

D’un autre côté, cela a un énorme avantage : la liberté que cela donne. Ici, pas besoin d’acheter des billets à chaque fois, pas besoin de planifier ses voyages très en avance pour payer moins cher, les prix étant totalement fixes : vous pouvez décider de partir sur un coup de tête le jour même. Et vous pouvez même prendre le train sans avoir encore décidé jusqu’où vous irez. En bonus, vous n’avez pas non plus à vous inquiéter de savoir où acheter des tickets de métro de la ville où vous vous rendez et où vous n’avez jamais mis les pieds : vous avez déjà ce qu’il faut.

Pour les nombreux Néerlandais qui prennent les transports quotidiennement, on peut charger sur une OV-chipkaart personnelle des sortes d’abonnements, offrant des réductions sur différents types de trajets. Ça va de 40% de réduction sur les trajets hors heures de pointe (de 6h30 à 9h00 et de 16h à 18h30… oui, là aussi, ça change de la France), pour 50€/an, à la formule ultime, pour 332€/mois, qui vous donne droit à vous déplacer gratuitement partout autant que vous voulez. (Enfin, « gratuitement »… à part pour les 332€ par mois.) Ou alors vous pouvez aussi prendre un abonnement personnalisé, lié à un trajet particulier (genre celui que vous faites tous les jours pour aller bosser). À vous de voir de quoi vous avez besoin.

En sachant aussi que pour ces réductions, chaque compagnie fait ses propres trucs. Pour les trains, NS (Nederlandse Spoorwegen, « chemins de fer néerlandais ») domine largement le paysage mais pour les bus, il y a un paquet de compagnies différentes, donc il faut faire gaffe. Bon, après, faut pas paniquer : les compagnies s’associent souvent pour offrir des abonnements communs à plusieurs d’entre elles. Ça n’a rien de terriblement compliqué. Et de toute façon, si vous ne voyagez qu’occasionnellement, vous n’avez pas à vous soucier de tout ça.

Carte du réseau ferroviaire néerlandais

Carte du réseau ferroviaire néerlandais

En dehors de l’OV-chipkaart, l’autre grosse différence par rapport à la France concernant les transports est le réseau en lui-même. D’abord, pas de ville autour de laquelle tout gravite. (N’est-ce pas, Paris?) Ici, le pays est quadrillé un peu dans tous les sens. Il y a quelques nœuds d’importance, à certaines grandes villes, notamment Amsterdam et Utrecht, mais rien de comparable à ce qu’on connaît en France. Le seul truc, c’est que, forcément, le quadrillage est plus serré dans les zones plus densément peuplées.

Et puisqu’on parle de densité de population, un truc peut-être difficile à réaliser si vous n’êtes jamais venu aux Pays-Bas, c’est le nombre de destinations différentes qui sont accessibles en moins d’une heure. Du temps où on habitait à Palaiseau, en banlieue parisienne, où que nous voulions aller en France, il nous fallait d’abord rejoindre une gare sur Paris. Ce qui nous prenait déjà 40 minutes de train.

Depuis notre chez nous actuel, à Leiden, en 40 minutes de train (ou moins), on peut aller à Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Utrecht, Delft, Gouda, Zaandam, Haarlem… Et en raison de la petite taille du pays, en 3 heures, on peut atteindre n’importe quel point des Pays-Bas, pratiquement.

Cette grande proximité des villes peut sembler anecdotique. Mais en fait, ça change complètement la vie.

D’abord, imaginez ce que cela signifie pour les heures de pointe. En France, c’est facile, le matin, tous les banlieusards vont dans la grande ville d’à côté et le soir, ils en reviennent : tout le monde va dans le même sens. Ici, pas du tout, ça circule dans toutes les directions possibles : ceux qui habitent à Utrecht et qui bossent à Amsterdam, ceux de Leiden qui travaillent à Haarlem, ceux de Rotterdam qui vont à La Haye… Car je vous avais dit que les villes du coin n’ont pas vraiment de banlieue au sens où on l’entend en France… mais la distance entre les villes est suffisamment petite pour que beaucoup habitent dans une ville et travaillent dans une autre. En guise d’illustration, sachez que La Haye et Rotterdam sont si proches qu’elles partagent le même réseau de métro.

Résultat, le trafic est beaucoup plus équitablement réparti et ça donne des heures de pointe bien plus relax. Certes, il n’est pas dit du tout que vous ayez une place assise pour l’intégralité de votre parcours. Mais il est fort probable que vous finissiez par pouvoir vous asseoir à un moment et vous ne vous ferez jamais comprimer comme cela nous arrivait quotidiennement sur Paris.

Mais il n’y a pas que pour les navetteurs (vous me permettez d’utiliser un mot belge?) que cela change des choses. Que vous vouliez aller faire les boutiques ou sortir en boîte, ainsi que pour tout ce qui est vie culturelle, comme visiter un musée ou aller voir un spectacle, par exemple, cette proximité décuple complètement les possibilités.

Pour nous qui allons à un grand nombre de concerts, autrefois, c’était facile : tout était sur Paris. Mais depuis qu’on vit ici, on a été voir des concerts dans cinq villes différentes. (Si vous tenez à avoir la liste : Amsterdam, Leiden, Utrecht, Zaandam et Zoetermeer – j’ai pas dit que tous les noms vous parleraient.) Il nous est même arrivé une fois ou deux de pouvoir choisir entre deux ou trois dates d’une tournée, vu que les différentes villes où ces concerts avaient lieu étaient toutes assez près de chez nous. (Bon, après, il y a aussi pas mal de ‘gros’ groupes qui ont tendance à ne faire des concerts que dans le Brabant, pour une raison qui m’échappe… et ça, c’est pas cool, parce que ça commence à faire loin. Mais c’est un autre sujet.)

Si votre truc, c’est plutôt la peinture, les possibilités sont si nombreuses que vous ne saurez même pas où donner de la tête. On pense certes d’abord à Amsterdam, dont le nombre de musées est colossal, mais toutes les villes des environs ont aussi les leurs, et beaucoup valent le coup d’œil.

Bref, c’est un peu comme si en France Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et quelques autres étaient regroupées de telle façon que depuis n’importe laquelle de ces villes, on pouvait atteindre n’importe quelle autre en seulement une heure ou moins. M’est avis que les choses ne fonctionneraient pas du tout de la même façon.

Et est-ce que tout ce réseau fonctionne toujours parfaitement ? Hum… Il serait sans doute exagéré de dire oui. Quelques minutes de retard, ça arrive. Après, de notre expérience, les gros retards sont vraiment rares.

Il nous est quand même arrivé d’avoir de gros soucis. Presque à chaque fois qu’on est passés par la gare de Rotterdam, en fait. Pas que cette ville pose un problème particulier : c’est juste qu’on y était à chaque fois qu’il y a eu un gros incident sur le réseau du coin. Et on s’y est retrouvés bloqués un certain nombre de fois. D’ailleurs, ça nous est arrivé dès la première fois qu’on est venus aux Pays-Bas.

La dernière fois, c’était il y a seulement deux semaines. On a fini par arriver chez nous avec une heure de retard. Mais c’est parce qu’on s’est mal débrouillés avec notre itinéraire alternatif. On a choisi de passer par Gouda alors qu’on aurait été plus vite en passant par La Haye. (Au passage : les avantages d’un réseau non-centralisé en cas de pépin…) On aurait probablement gagné une demi-heure avec l’autre option. Tant pis. Mais la circulation chaotique ce soir-là nous a donné le droit, de la part de NS, à une distribution de boissons chaudes. Gratuites. Perso, j’ai jamais vu la SNCF faire ça pour un retard finalement pas si important que ça. Et la RATP, n’en parlons pas. Pourtant, j’ai une certaine expérience des retards sur leur réseau…

8 réflexions sur “Les Transports en commun aux Pays-Bas

  1. bonjour bonjour 👋

    Est ce que tu conseillerais cette carte pour un séjour d’une semaine au pays bas (Amsterdam – Rotterdam – Den Haag – Alkmaar – Amsterdam) ?
    Les prix sont ils avantageux dans mon cas ? Je voyage du jeudi au jeudi en octobre.
    J’ai épluché pas mal d’articles et sites de transports mais je m’y perd ! Trop de formules …

    Merci pour ton articles.

    Mélissa, Haute Corse (le réseau ferré le plus petit d’europe ? ;) )

    • Hoi !
      Le calcul est facile à faire : l’OV-chipkaart coûte 7€50 et sans elle, le supplément par trajet est de 1€. Donc il faut un minimum de 8 trajets pour la rentabiliser. En une semaine, ça me semble beaucoup. Si tu penses les atteindre, c’est que ton programme n’est probablement pas très raisonnable. :P

      Mais depuis quelques temps, il y a une nouvelle option qui est apparue : si t’as un smartphone, tu peux prendre les billets dessus. Il y a une app à télécharger (gratuite) mais du coup, il n’y a pas le supplément d’1€. Pour ça, ça se passe ici :
      https://www.ns.nl/reisinformatie/ns-op-uw-mobiel/mobiele-tickets.html
      Bon, ça, c’est pour les trains, mais si je comprends bien, c’est ce qui t’intéresse.

  2. Bonjour,
    Merci pour les infos c est très explicatifs et aidant.certes quand on sait comment ça fonctionne c est pas mal,mais pour la découverte et aventure de mes 3jrs c est la kata..bon faute de plus je marche.le seul hic je dirais,c est pour trouver les points de vente de cette carte ovc. Mal voir pas indiqué et pas de possibilités par une borne..c est nul!!
    Enfin 3 jours en Hollande vont me suffire, j ai pas accroché à ce pays.
    Merci en tout cas pour tous,c était super.bye

    • Euh… Ouais, enfin, l’OV-chipkaart, pour seulement 3 jours, ce n’est clairement pas un bon plan. Comme dit dans l’article, elle coûte 7€50 et en plus de ça, vous auriez nécessairement dû laisser dessus une certaine somme que vous n’auriez pas pu récupérer. Cette carte est surtout destinée aux habitants du pays. Pour un séjour long, genre 2 semaines, à la limite, ça peut commencer à être une option envisageable.
      Donc, non, effectivement, elle n’est pas vendue aux bornes : il faut aller au guichet pour en obtenir. Ils ne peuvent pas mettre des bornes pour quelque chose qui n’est acheté que très occasionnellement. C’est pareil en France pour les cartes de transports du même type, comme le pass Navigo.
      Pour trois jours, vous pouviez simplement prendre les tickets à l’unité (ou aller-retour, ou à la journée, ou autre), qui, eux, sont bien sûr vendus aux bornes. Je crois même que maintenant, si vous avez un smartphone, vous pouvez acheter vos tickets dessus et il suffit de présenter un QR-code pour accéder aux trains.
      Il y a aussi des formules adaptées aux touristes mais elles changent tout le temps, il y en a des tonnes différentes et ça dépend complètement de ce que vous aviez prévu de faire. Vous auriez dû demander à un guichet ou un point info, si vous étiez perdue à ce point.

      • Hello.
        Merci pour la réponse j ai la news que..ouha la rapidité à l information des fois😊.
        Je vais aller voir d autres pays et plus me renseigner cette fous ci sur les modes de trang ports.
        Merci bonne continuation à vous.byebye

  3. Les Gros concert en Brabant (septentrional j’imagine), c’est pour être au centre de l’air néerlandophone (incluant la communauté flamande). Comme ça tout le monde est est à peux près bien desservit. Eindhoven n’est pas très centré, mais si c’est à Bois-le-Duc c’est mon hypothèse.
    PS : Vive les transports néerlandais.

    • (Oui, septentrional, bien sûr.)
      Hum… Je ne pense que ce soit ça, non. D’abord parce que c’est la répartition de la population plutôt que la zone où est parlée une langue qui devrait compter. Et ne faire aucun concert dans la Randstad (le triangle Amsterdam-Rotterdam-Utrecht, en gros), où se concentrent 7 des 17 millions d’habitants du pays, c’est quand même plutôt bizarre.
      Ensuite parce que, non, dans ces cas-là, ce n’est jamais à Bois-le-Duc mais toujours à Tilburg ou Eindhoven. Et ça ne les empêche pas de jouer également soit à Bruxelles, soit du côté d’Anvers, bien plus près, pour les Flamands.
      A mon avis, ça vient plus simplement des contacts qu’ont les groupes, des possibilités que leur offrent leurs tourneurs, des cachets qu’ils arrivent à négocier, ce genre de choses…

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