Svalbard – Épisode 6 – Musée du Svalbard et Embarquement

Le bâtiment du musée du Svalbard… qu’il partage avec l’université

Nous revoilà à Longyearbyen. Maintenant qu’on a visité le camp Barentz, nous nous rendons au principal musée de la ville, simplement nommé le « musée du Svalbard ». On y fait connaissance avec la faune de l’archipel. Et avec la vie des trappeurs d’autrefois.

Le musée a une assez jolie collection de véritables animaux empaillés. Et une queue de baleine en plastique. Ou plutôt animaux naturalisés, en fait, parce qu’il n’y a pas un seul brin de paille, dans tout ça.

Un macareux moine. On en a vu en meilleure santé pendant la croisière… mais pas d’aussi près.

La pièce maîtresse du musée, c’est un ours empaillé qui trône au centre. Une belle bête. Qui vient d’une triste histoire… comme toujours aujourd’hui : au Svalbard, on ne tue jamais un ours de gaieté de cœur.

La personne qui a tué cet ours est un chercheur qui travaillait à l’université de Longyearbyen. Lors d’une mission à l’écart de la ville, il s’est retrouvé face à un ours qui était décidé à faire de lui son repas. Contraint et forcé, le scientifique a tiré. Il l’a eu en pleine tête (l’endroit à viser puisque si vous ne faites que le blesser, il y a de grandes chances pour que vous vous fassiez tuer). On peut voir le trou laissé par la balle, à mi-chemin entre son œil et son oreille droite. Le chercheur est sorti de cette expérience avec une dépression nerveuse, traumatisé d’avoir eu à tuer un ours.

Si on se représente la scène telle qu’elle a dû se passer, j’imagine facilement la culpabilité qu’on peut ressentir. Parce que, sauf dans le cas d’ahuris provoquant les ours, ceux-ci ont rarement l’air menaçant.

Comment expliquer ça ? Hum… Bon. Imaginez la petite madame approchant un buisson de myrtilles. Bien. Dans le genre terrifiant, on fait mieux. Maintenant, mettez-vous dans la peau d’une grosse myrtille bien juteuse.

Face à un ours polaire, la situation est similaire. Il n’a nullement l’air méchant. Et pour cause, il ne l’est pas. C’est juste que si vous le laissez trop approcher, il va vous tuer. Sans plus d’agressivité qu’une petite madame cueillant des myrtilles. Lui, ses myrtilles sont assez mobiles, ce qu’il trouve bien chiant… ou amusant, selon les circonstances. Mais de toute façon, il n’a pas le choix, donc, dans tous les cas, il faut bien qu’il fasse avec.

Tout ça pour dire que j’imagine bien l’état d’esprit dans lequel devait être le chercheur qui tenait le rôle de la myrtille, au moment où il a tiré.

Mais assez parlé de cet ours. Remontons un siècle en arrière, en un temps où on ne s’encombrait pas avec trop de principes moraux, vis à vis des animaux, et où le concept de protection de la biodiversité n’avait que peu d’adeptes. La grande époque des trappeurs de l’Arctique.

Le musée possède une hutte de trappeur, où sont exposées quelques petites choses en rapport. On peut y voir accrochées une demi-douzaine de peaux de renards polaires.

Tout le problème, avec les renards, c’est de ne pas les tuer avec un fusil pour ne pas trouer la peau. Les trappeurs utilisaient des pièges particuliers, dont on voit un exemple en bas à gauche de la photo. Ils sont faits d’une sorte de trappe, sur laquelle reposent un maximum de gros cailloux bien lourds. On met un bout de viande sous la trappe, qu’on fait tenir ouverte grâce à un petit bâton. Quand le renard, attiré par la viande, arrive, il fait tomber le bâton. La trappe s’effondre alors sur lui et le renard meurt, écrasé.

À côté du piège sur la photo, on peut voir un ourson. Apparemment, quand un trappeur tuait une femelle ours qui était accompagnée d’oursons, il lui arrivait d’en laisser un en vie. Non pas parce qu’il est trop mignon, faut pas déconner, mais, si je me souviens bien de l’explication, pour attirer d’autres ours.

L’idée, c’est que l’ourson va se mettre à couiner désespérément. Ce qui va attirer les ours mâles qui passent dans le coin. Non, non, pas pour une quelconque intention de sauver le petit, cette blague. Non, les ours viennent pour lui maraver sa gueule.

Dans la tête de l’ours, un ourson qui n’est pas de lui est une menace potentielle pour ses petits à lui. Donc, dans le doute, il met une raclée aux oursons qu’il croise. Et, si la faim se fait sentir, en manger un n’est pas exclu non plus.

Piège à ours

La vie des ours polaires : une avalanche de mignonitude.

Quand les ours ne viennent pas se présenter d’eux-mêmes devant le fusil du trappeur, celui-ci a une autre option : le piège à ours.

De la viande attire l’ours, qui, pour la prendre, doit entrer la tête dans la partie avant du piège, juste devant la bouche d’un fusil. L’ours saisit alors la viande et tire dessus. Sans savoir que la viande est accroché à du fil de fer, lui-même relié à la gâchette du fusil. L’ours déclenche donc lui-même le tir, pour se retrouver avec une balle en plein dans le crâne. Le trappeur n’a ensuite plus qu’à venir récupérer la bête.

Sympathique petit musée mais nous ne nous y attardons pas plus que ça : il est presque l’heure de rejoindre notre bateau, qui sera notre maison pour les trois prochains jours : le MS Nordstjernen. Ou en français l’ « Étoile polaire ».

Le MS Nordstjernen

Son nom est un clin d’œil au MS Stella Polaris (même nom mais en latin au lieu du norvégien), un très célèbre bateau de croisière et l’un des tout premiers du genre, qui a opéré de la fin des années 1920 à la fin des années 1960.

Le Nordstjernen, pour sa part, a été construit en 1956, puis modernisé en 2000 pour le préparer à affronter l’Arctique. De sa date de construction, il garde un look « old school », avec une omniprésence du bois qu’on n’aurait pas sur un navire moderne. Et à l’intérieur, la grosse surprise, c’est toute la déco signée par un certain Paul Gauguin… non, pas le Paul Gauguin, un autre : le petit-fils de son célèbre homonyme. Ce Gauguin-là était norvégien mais a également gagné sa vie comme artiste, notamment en faisant la décoration de divers bâtiments, comme des théâtres et des hôtels, ainsi que de quelques bateaux, dont le nôtre. Le bonhomme n’a peut-être pas la célébrité de son grand-père mais ses gravures sont plutôt classe.

Pendant que les riches rejoignent leurs luxueuses cabines, nous, on part dans les tréfonds du bateau. Car on s’est fait une folie, avec cette croisière, mais par rapport à la plupart des touristes présents, on est des pauvres. Donc nous, on dort à fond de cale. Littéralement.

Notre micro-cabine est contre le moteur du bateau. On a juste assez d’espace à l’intérieur pour nous glisser dans nos couchettes superposées. Qui sont évidemment trop petites pour que je puisse y tenir allongé. Il faudra que je me plie pour dormir… mais j’ai l’habitude.

Pour ouvrir nos valises, c’est technique : on a la place d’en ouvrir une seule à la fois et à condition que la porte de la cabine soit fermée. Donc pendant que l’un de nous sort quelques affaires, l’autre attend soit dans son lit, soit dehors.

Vous voyez ici notre cabine dans son intégralité.

Ceci dit, comble du luxe, on a le droit à un petit lavabo. Youhou ! Bon, par contre, forcément, pas de hublot. Faut pas déconner. De toute façon, pour donner sur quoi ? De chaque côté, on a les cabines de nos voisins, à l’avant, c’est le couloir qui y donne accès et à l’arrière, c’est le moteur. Donc, bon… et puis, eh, être à fond de cale implique d’être sous la ligne de flottaison. Alors un hublot…

En tout cas, si le navire prend l’eau, on sera les premiers au courant. Et les derniers sortis, aussi… si jamais on arrive à sortir.

Par contre, l’avantage des pauvres : l’absence de hublot règle le problème de la lumière extérieure qui pourrait nous empêcher de dormir. Ouais, parce que je vous rappelle qu’on est en plein dans l’Arctique et en plein été. Donc il fait jour 24 heures sur 24. Du coup, pour dormir, ces cabines sont mieux, en fait. Bon, certes, notre voisin le moteur ronfle fort. Très fort. Mais on s’y fait vite.

Après avoir récupéré quelques babioles dans nos valises et posé le reste dans la cabine, on monte sur le pont. Il y a un autre assez gros navire ancré au milieu du fjord. Apparemment, c’est celui d’une expédition scientifique en préparation.

Quant au nôtre, de navire, il en est à larguer les amarres. C’est parti !

Un dernier regard vers Longyearbyen

3 réflexions sur “Svalbard – Épisode 6 – Musée du Svalbard et Embarquement

Ici, vous pouvez tapoter un commentaire.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.